Japon, mon amour
Je t'ai tellement espéré que j'ai eu peur, alors qu'enfin j'allais m'unir à toi, de t'avoir sublimé. Peur d'avoir aimé une chimère, fantasmé une légende.
Longtemps tu n'as été qu'une brume épicée, diffusée par petites touches, saturées de sensualité de Kawabata, de poésie de Murakami, de sensibilité d'Ogawa. Et la vitalité d'Amélie.
J'ai cru que tu ne serais jamais qu'un rêve, que tu t'offrirais à d'autres, mais pas à moi, pas dans cette vie. Ce faisant, je t'aurais préservé dans mon cœur, pur et idéal.
Mais nos routes se sont enfin croisées et tu as changé ma vie.
J'ai tant aimé te découvrir et m'ouvrir à toi. Te déshabiller sans te mettre à nu. Te percevoir sans jamais t'observer. T'apprécier sans complètement te comprendre.
Avec toi, j'ai aussi eu peur de me perdre, j'ai douté, parfois je ne t'ai pas compris, je me suis senti seul et je t'ai abandonné pour retrouver mes repères d'avant toi. Peut être n'étais-je pas à la hauteur et t'apprécier sans te comprendre avait finalement ses limites et je n'avais pas voulu le voir.
Aujourd'hui tu es loin de moi et je n'aspire qu'à te retrouver. Fort de ce que je sais déjà de toi, avide de ce que je veux découvrir encore, convaincu du plaisir intense de nos retrouvailles.
Bien sûr qu'il y a le risque de perdre l'intensité de nos premiers moments ensemble. De repasser par les mêmes chemins, de refaire les mêmes détours. Mais que pèsent ces risques et ces détours en comparaison d'une vie passée loin de toi... pas plus qu'une fleur de cerisier flottant sur l'eau paisible d'un canal de Gion.
J. mon amour, je t'aime.
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